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  • Photo du rédacteurLéa C.

TOGO : Mission humanitaire, partie 2


 

Si ce n'est pas déjà fait, je te conseille de lire mon article TOGO : Mission humanitaire, partie 1 avant de commencer celui-ci.

Il donne le contexte de cette mission humanitaire et dresse un portrait de base du Togo.

 

Le Voyage

Après avoir embrassé nos familles, nous avons rejoins l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle en train.

Ensuite, nous avons embarqué dans un avion AirFrance pour l'Afrique. Le voyage a duré près de 14 heures, escale à Niamey (Niger) et retard d'Air France compris.

Passeport

Arrivé à l'aéroport Gnassingbé Eyadema de Lomé, il faisait nuit & le dépaysement a été total. Ne serait-ce que par la chaleur étouffante qui nous a surpris dès la sortie de l'avion.

Comme cité dans l'article précédent, la première chose à faire est de fournir son carnet de vaccinations internationales.

Ensuite, on passe à la douane et au service des visas. Il faut savoir qu'il n'est pas obligatoire d'obtenir un visa avant de voyager. Il est tout à fait possible (et même recommandé) de le faire directement sur place. Vous devrez remplir une fiche de demande de visa. Vous donnez cette fiche dûment complétée, votre passeport et 20€ aux officiers de la douane et, le temps que vous récupérez vos bagages, il vous préparerons un visa de 7 jours. Vous devez ensuite vous rendre au service des passeports dans le centre-ville de Lomé pour prolonger votre visa d'un mois. Pour cela, il vous faut uniquement votre passeport, 2 photos d'identité (qu'il est possible de faire pour pas très cher au même endroit) & 500F (76cts) pour l'administratif. Vous laissez le tout sur place et revenez chercher votre passeport avec votre visa le lendemain. Si vous restez plus d'un mois au Togo, il vous faudra revenir chaque mois pour renouveler le visa d'un mois supplémentaire pour un tarif de 10 000F (15€)/mois.


La phase d'adaptation

Avant d'entreprendre une mission humanitaire au sens strict du terme, il est indispensable de s’acclimater au pays. Nous avons retrouvé Ass', président de l'association Djidjolé, que nous avions déjà rencontré en France & nous avons fait la connaissance de nos accompagnateurs Julienne & Boris ainsi que les autres membres de l'association.

Notre premier week-end au Togo a été consacré à l'adaptation au pays. Nous avons réglé les problèmes administratifs et financiers* , appris quelques mots d'éwé, découvert un peu la capitale et planifier notre mission.

* Taux de change : 1€ = 655,57 Francs CFA


C'est en découvrant Lomé que nous avons fait connaissance avec le Togo. Une fois la barrière climatique passée, nous avons pu apprécier les paysages qui se présentaient à nous. Il faut dire que je suis une vraie fille du Nord de la France et je n'avais jamais subi de telles températures. Car en plus de la chaleur, l'air, chargé d'humidité, est étouffant. Et pourtant il s'agissait de la période de l'année la moins chaude : la saison des pluies. Malheureusement, il a très peu plu cette année-là. Ce qui nous a causé quelques problèmes dans les villages.


Pour être tout à fait sincère avec vous, j'avais un peu peur de ne pas réussir à m'acclimater à la vie "à l'Africaine". Il était impossible de s'imaginer ce que nous allions vivre et, bien que je sois ouverte d'esprit, j'avais quelques inquiétudes.

Mais mon acclimatation a été rapide et incroyable. Je me suis faite très rapidement à la vie togolaise. Dès les premiers jours, j'ai adoré leur cuisine, leurs paysages, leur bienveillance, leur calme & leurs sourires. Et bien que cette phrase fasse un peu cliché européen, je me suis sentie apaisée et "à ma place".



La mission

Nous sommes intervenus dans trois villages différents de la région maritime.


Amakpapé, village à 70km au nord de Lomé, coupé par la route nationale traversant le pays du nord au sud, 2 500 personnes y vivent de l'agriculture et de l'élevage principalement. Le village a reçu plusieurs missions humanitaires pour la construction et les rénovations d'une école primaire et d'un collège et la création d'un forages pour s'alimenter en eau potable. Dans ce village, nous vivions dans la maison de l'homme qui tenait le seul bar qui diffusait, été 2016 oblige, l'Euro de football. Nous avions donc très régulièrement des visites et il a été facile de créer des liens avec les villageois autour d'une pills ou d'une Awooyo (bières béninoises très appréciées au Togo) devant un match de foot. Il faut savoir que les villages tournent souvent autour des nombreux bars. La musique y est diffusée de tôt le matin à tard dans la nuit. On y danse beaucoup, rencontre ses amis autour d'une bière fraîche ou d'un soft, dont le Youki, une boisson gazeuse aux fruits locale. Des dames passent régulièrement afin de nous proposer des plats togolais qu'elles préparent et vendent aux bords des routes. L'animation et le partage sont les maîtres mots de ces endroits.


Nous nous sommes très vite rendus compte que la vie était totalement différente entre Lomé et Amakpapé.

Tout d'abord, nous ne vivions pas dans une grande maison mais ne disposions que d'une grande pièce où nous avions installés matelas, moustiquaires et un bureau de fortune pour nos ordinateurs. Les douches et sanitaires étaient installées dans la cour intérieure et nous allions chercher l'eau au puits. Comme dit plus tôt, la saison des pluies n'a pas été très clémente avec nous et notre réserve d'eau a vite été épuisée, et ce malgré nos restrictions. Heureusement, nous avons pu profiter du forage installé au centre du village.


Amakpapé nous a permis de découvrir la vie dans un village et nous a offert de beaux moments de partage, notamment les soirs de matchs, lors de nos sorties au bar du village, lors de la messe à laquelle nous avons assistée, ou lors de notre rencontre avec le chef du village.

En effet, dans chaque village où notre mission nous a emmené, nous devions allé saluer le chef du village pour lui indiquer notre arrivée, lui parler de notre mission et le remercier de son accueil. Nous sommes reçus dans sa maison où beaucoup de monde s'affairent : les femmes et les enfants cuisinent et gèrent les tâches ménagères, les hommes sont autour du chef du village. On nous accueille avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance. Le chef nous salue et après quelques mots en éwé que nous devons répéter, il nous offre un verre de sodabi. Le sodabi est l'alcool local, une liqueur obtenue en distillant le vin de palme. Il faut savoir que dès que tu arrives chez quelqu'un, il t'offre un verre de sodabi que tu ne peux refuser. Après avoir déposé quelques gouttes au sol pour les ancêtres, chacun son tour boit son verre de cette liqueur horriblement forte. Les togolais s'amusent d'ailleurs de nos réactions. Nous avons d'ailleurs pu rendre visite à plusieurs reprises à des fabricants de sodabi et découvrir les secrets de fabrication de cette liqueur.

Nous avons également été invité par les enfants du village à leur remise de diplôme. Tous les villageois se réunissent alors à l'école. Chaque enfant est appelé sur l'estrade et on indique son classement aux examens finaux et s'il passe ou non en classe supérieure. Voisins de l'école primaire, nous étions souvent en contact avec les enfants qui nous apprenaient leurs jeux, leurs chants et nous invitaient lors de leurs matchs de foot. Ils étaient donc très fiers de partager avec nous ce moment important de leur scolarité.

Enfin, Amakpapé est en plein cœur d'une forêt ce qui nous a offert de jolies balades.

Nous vivions à côté d'une grande colline. Mais il ne nous était pas permis d'y monter car la légende du village dit qu'un vaudou y vit et que quiconque s'y aventure ne revient pas.

Nous avons tout de même pu découvrir les lacs, rivières et forêts , ainsi que les petits villages aux alentours, où nous avons pu, entre autres, découvrir une petite école et le tchoukoutou , boisson à base de mil, bue directement dans une calebasse.



La deuxième mission a eu lieue à Gbatopé, un village à 35 kms de Lomé et proche de la grande ville nommée Tsévié.

Une association locale nous a loué son bâtiment qui comportait de véritables lits ! Nous avons donc abandonné nos matelas pneumatiques avec grande joie pour quelques temps. Aussi, les douches & sanitaires étaient construites en intérieur, ce qui nous permettait plus de confort bien que le puits était assez éloigné de la maison. Enfin, la maison était mieux équipée en électricité.


Ce village proposait de nombreuses activités culturelles comme la fête du Haricot où nous avons pu assister à des danses traditionnelles, des concerts et, bien sûr, déguster des plats à base de haricot : le véyi, plat composé uniquement de haricots à l'huile sur lequel on saupoudre du gari (farine de manioc), l’ayimolou, un mélange de riz et de haricots, traditionnellement pris au petit déjeuner et les délicieux aklan, des beignets de haricots avec du piment & de l'oignon.


Encore une fois, cette mission nous a permis de faire de très belles rencontres, notamment au dispensaire ou chez notre voisin, fabricant de sodabi.



Notre troisième et dernière mission a eu lieue à Djagblé, un village en périphérie de Lomé.

Nous étions logés derrière le dispensaire, dans une pièce appartenant à la major de celui-ci. La cour intérieure où nous nous installions pour travailler était partagée avec d'autres familles avec qui nous avons partagé de bons moments.


Lors de cette mission qui est venue clore notre séjour humanitaire, nous avons tissé des liens forts avec l'équipe médicale.

La major du dispensaire nous a d'ailleurs invités chez elle à partager une journée riches en rires et partages. Nous y avons mangé du djinkoumè-poulet, une recette traditionnelle togolaise composée de poulet grillé, de pâte de maïs torréfiée à la tomate, et d'une purée de piment. Nous avons aussi, tradition oblige, dégusté le sodabi.



La mission, au sens technique du terme, était assez semblable dans les trois villages.

Dans un premier temps, nous observions le fonctionnement des dispensaires. Chacun d'entre eux fonctionnaient de manière différente : alors que le premier était plutôt spécialisé dans les consultations générales, le deuxième était dirigé par une sage-femme. Enfin, le troisième se trouvant en périphérie de Lomé, il comportait plusieurs services, dont une pharmacie et un laboratoire.

Ensuite, nous développions l'application sur l'ordinateur acheté pour l'occasion. Enfin, nous installions le matériel dans le dispensaire et formions le plus de personnes à notre outil.

Car il est là, selon moi, une clef de réussite d'une mission humanitaire : notre mission ne doit pas prendre fin à notre départ du pays. Pour chaque dispensaire, nous avons formé au moins 3 personnes à l'utilisation de l'outil et nous avons laissé à chaque fois un manuel détaillé. Lorsque nous quittions le village, nous étions sûrs que le personnel pourrait faire vivre l'application et que celle-ci allait leur servir au quotidien.



Mais dans la partie humaine, chaque village était différent. Nos locaux, les rencontres, les paysages visités, ... À chaque fois, nous faisions un nouveau voyage, une nouvelle découverte.

Je ne pourrais jamais oublier les rencontres, les sourires, la sympathie de ces gens qui nous ont accueillis chez eux et nous ont aidé à faire de cette mission une réussite. Parce qu'elle est là, la véritable définition de la mission humanitaire. Contrairement à ce que certaines personnes pensent (dont certaines personnes qui étaient en mission avec nous l'été 2016), une mission humanitaire n'est pas un moyen pour un blanc privilégié de venir se donner bonne conscience en aidant le pauvre noir qui n'a rien. La mission humanitaire, aussi appelée mission de solidarité internationale, est une rencontre et un partage. J'ai quitté la France pour le Togo où j'ai apporté mes connaissances en informatique, en gestion de projets et quelques cadeaux pour les enfants. Ils m'ont accueillis et fait découvrir leur pays, leurs coutumes, leur vie et m'ont appris plus de choses en retour.


Voilà ce qu'est un voyage humanitaire. Et si vous avez un jour la possibilité d'en faire un, foncez ! Il y en a pour tous les goûts, pour tous les budgets, pour toutes les envies, toutes les destinations, ...

Mais peu importe l'expérience, il se pourrait bien que ce voyage change votre vie.


Si vous le souhaitez, voici l'article paru dans la Voix du Nord, quotidien du nord de la France, à l'occasion de cette mission.



 

J'espère que cet article vous aura plu.

N'hésitez pas à laisser un commentaire, je me ferai un plaisir de lire vos avis et/ou répondre à vos questions.


Le prochain article de cette rubrique Travels sera plus centré sur mes moments de détente au Togo, notamment avec ma semaine de découverte de chaque région.

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